Oeuvres diverses

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Témoignage précieux que l’on ne peut assez signaler. Je transcris encore cette page écrite avee une sorte d’amertume : « Chaumette n’était ni un instrument « passif ni un aveugle séide. Il était riche de son pro« pre fonds. Il savait également appliquer aux cir« constances et la langue des halles et un style sévère« ment populaire. Je lai vu à la barre, s’humiliant « devant la puissance de la Convention, s'attendrissant « sur le tableau dressé par lui-même des misères du « peuple, soutenant le crédit de l’autorité municipale « par une éloquente exagération de ses travaux « et de ses sollicitudes, et se promettant, tribun séditieux, d’opposer bientôt le peuple à la Convention..… Chaumette était passionné jusqu'au délire pour ce qu’il nommait liberté. À ce mot, il avait le geste et le langage d’un inspiré. Athée effronté ou jouant l’athéisme, il fit la guerre au vice sans « amour de la vertu. Il professa une austérité de mœurs qui aurait honoré la vertu la plus pure; la simplicité, la modicité, une gravité décente, composaient « son extérieur. Il avait l’habitude des privations..…. »

Héros de pauvreté et d'anarehie ! Noïlà pourtant le langage d’un ennemi, et d’un ennemi déclaré; c’est le cri de la conscience étouffée, la protestation involontaire contre le mensonge et la mauvaise foi.

Je comprends pourquoi la Doctrine dispose son cordon sanitaire et répand son encre boueuse. Il faut bien défigurer les victimes : si on allait les reconnaître !

Que spirites et chrétiens unissent leur voix dans hymne à Robespierre : il sauva la superstition. Le rhéteur, ami de l’autorité et des dogmes oppressifs, frappa dans la vaillante Commune l'avant-garde de la pensée humaine, le libre génie de la terre dont elle portait le drapeau.

Hébert, Clootz, Chaumette, peuvent être rangés parmi les martyrs de l’idée, à côté du Bruno, de Vanini,

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