Oeuvres diverses

D Gran:

Si quelques-uns se désespirent, c’est sur l'avenir, non sur eux-mêmes. « Ce qui me tue, s’écrie Hébert, € c’est que la République va périr. » — « Non, répli« que Ronsin, elle est immortelle. »

Le jour où la République périt en effet dans sa sive et dans son originalité fut un jour de fête, éclairé par un beau soleil de printemps. Dès l'aube, la spéculation avait élevé sur la place des estrades et des banquettes qui furent payées fort cher dans la journée. Une multitude bien mise, rayonnante de joie et d’espérance, encombrait toutes les voies qui conduisaient à l'exécution. C’est que la grande armée des contre-révolutionnaires, réveillée chaque matin par la trompette du Père Duchesne, s'était ébranlée tout entière. Les royalistes venaient voir, tomber la tète de l'ennemi de Louis XVI et de Marie-Antoinette. Les riches saluaient le terme des emprunts forcés, la défaite du sans-culotüsme, le retour de l’ordre, de la religion et de la décence. Les moins empressés ne furent pas les théistes et les chrétiens des diverses sectes, altérés du sang des athées et des anarchistes.

Ces excellents citoyens, déjà fort en liesse, eurent le plaisir d’une double surprise. La première appartient à Camille Desmoulins ; l'honneur de la seconde revient tout entier au bourreau. Camille, inquiet sur sa proie et toujours courant dans cette journée du 4 germinal ( «toute la canaille est pour ces scélérats », répétait-il), l’attique et spirituel Camille s’ingénia à trouver un intermède qui püt avilir les condamnés et abreuver d'amertume leurs derniers moments. Par ses soins une bande d’émissaires, portant au bout de longues perches, les fourneaux du Père Duechesne, et faisant retentir l’air des lazzis habituels de cette feuille, accompagnérent la charrette jusqu’à l’'échafaud.

L’aristocratie ne s'était de longtemps trouvée à pareille fête. Elle riait aux larmes. Ce succès de Camille