Oeuvres diverses

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pique au vif le bourreau, qui veut pour sa part contribuer à l'ivresse publique.

Raffinement inoui ! Lorsque Hébert déjà couché sur la planche, le cou emprisonné dans le collier fatal, attend la chute du couperet, le bourreau, à diverses reprises, fait descendre à moité, puis remonter le fer, prolongeant ainsi, aux féroces applaudissements de la foule (1), l’agonie du patient, avant de précipiter la mort sur sa tête.

La calomnie ne pouvait abandonner Hébert sur léchafaud. C'était bien le moins de le faire mourir en Jäche; elle n’y a pas manqué. Mais elle a reçu un démenti de deux témoins irrécusables, l’espion Sénard et Georges Duval, l’auteur des Souvenirs de la Terreur. Hs l’ont vu à côté d’Anacharsis, calme et insensible au milieu des huées, promener son long regard sur la place de la Révolution, et ces deux faussaires, réceptacles de mensonges royalistes, méritent d’être crus lorsqu'ils apportent une allégation favorable à des républicains. Dans sa prison, Hébert, à la pensée du désastre qui engloutissait tous ses rêves, avait eu des accès de fureur et de désespoir, mais il retrouva sa dignité devant la mort.

Chaumette, épargné un instant, parce qn’on redoutait sa popularité, garda au tribunal une attitude pleine de noblesse. Il déclara répondre moins pour sa

(1) Le public qui honorait de sa présence l'exécution des Hébertistes était exclusivement composé des classes aisées. Le peuple, consterné du coup frappé sur ses guides de prédilection, avait fui le sanglant spectacle de sa défaite. — Par ce moulinet de guillotine en dehors du programme, fiatterie délicate à l'adresse de son publie d'élite, le bourreau prenait couleur et faisait acte d'opinion politique. C'était évidemment un modéré, ce qui ne nuisait en rien à ses fonctions et ne l'empéchait pas de décoller proprement, chaque jour, bon nombre de ses coreligionnaires, avec autant d'impartialité que de philosophie.