Oeuvres diverses

placables contre ses ennemis? Hébert annonce que la Révolution est venu mettre fin aux supplices et à la mort. Il propose des couronnes et des récompenses aux régicides. Hébert est devenu l'homme de l’exécration universelle. Mais Clootz, ce jeune enthousiaste, qui traversa pur tous les excès de la Révolution, se fait pourtant l’apologiste des journées de septembre, et c’est Chaumette, le philosophe Chaumette, qui, à la nouvelle des atrocités vendéennes, réclame des mesures foudroyantes. L’annaliste, complice de la contre-révolution victorieuse, flétrit les mesures et supprime les atrocités.

Et voilà comme on mystifie les générations.

Les sectes, dont la sensiblerie cruelle innocente l'oppresseur et pleure le bourreau, ont repris la tâche d’aplatir l'humanité. On hébète le peuple, sous prétexte deie moraliser. En supprimant l'élan de la passion, on supprime la passion elle-même, l’homme ébranché n’est plus qu’un soliveau. La haine du mal, corollaire de l'amour du bien, s'évanouit dans les” cœurs, et le faible, désarmé par philanthropie, reste sans défense.

L'histoire délivre ses brevets aux Washington, libérateur de son pays et propriétaire d'esclaves, aux La Fayette, escamoteur de révolution et fabricant de rois, aux Luther, ami des princes, ennemi des paysans; à tous ces mesureurs homæopathes du droit et de la justice.

La philosophie, à son tour, presse dans ses bras les honorables docteurs qui servent en même temps Dieu et l'humanité, qui savent accoupler la monarchie divine et l'expansion humaine, confondre la charité et la justice, la liberté et la madone. Elle n’a qu’anathèmes pour les génies oseurs qui, brisant ces lacs dorés, renversent d’un souffle ies bâtisses derrière lesquelles s'abritaient la mauvaise foi et l'égoisme.