Orateurs et tribuns 1789-1794

L'ESPRIT DES ORATEURS DE LA GIRONDE. 167

la mort. Combien tardif ce réveil de leur conscience !

On connait leur attitude dans le procès du roi, qu'ils envoient à l'échafaud, tout en rêvant de lui réserver le recours au peuple *, leur chimérique projet de constitution, leurs votes plus démagogiques souvent que ceux de Robespierre lui-même, afin de gagner de vilesse leurs adversaires, par exemple dans la question de la guerre?, dans la question du bonnet rouge. Les Jacobins repoussent la guerre offensive, dans la crainte que des généraux nommés par la cour ne remportent des victoires qui profiteraient à Louis XVI ou à leurs rivaux ; avant tout, ils veulent s'assurer la domination au dedans; quand ils auront terminé la guerre avec le roi de France, ils feront la guerre aux rois de l'Europe. Avec une guerre européenne, au contraire, les Girondins se flattent de confondre la cause de Louis XVI avec celle des émigrés, des étrangers, de devenir les maîtres de la France, les chefs de la Révolution, les vengeurs des peuples opprimés par les tyrans- « Je n’ai

4. Salle, par exemple, assimilant la Convention à un jury, le peuple au juge chargé de l'application de la loi, demandait que l’Assemblée statuât sur le fait et que la nation prononçât sur la peine.

2, « Je demande une mesure, » dit Robespierre après Varennes. Quand on l'interrompait, il reprenait avec obstination : « Je demande une mesure. » Et toujours : « Je demande une mesure, » ce qui impatientait toute l'Assemblée. Quelqu'un s'écria : « Donnezlui une mesure d'avoine. » Il se tut et s’assit.