Orateurs et tribuns 1789-1794

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163 ORATEURS ET TRIBUNS.

qu’une crainte, répond Brissot à Robespierre, c’est que nous ne soyons pas trahis. Les grandes trahisons ne seront funestes qu'aux traîtres. La guerre est actuellement un bienfait national, la seule calamité à redouter, c’est de n’avoir pas la guerre. Nous avons besoin de trahison, notre salut est là. » Et si violent éclate leur fanatisme, qu’ils escomptent des défaites probables pour se débarrasser de la royauté. Dumont entendit Brissot proposer de déguiser quelques soldats en uhlans autrichiens, et de faire exécuter une attaque nocturne sur quelques villages français; à cette nouvelle, on aurait fait une motion à l’Assemblée et emporté un décret de guerre d'enthousiasme. Une guerre seule pouvait nous donner la royauté, affirme Louvet dans ses Mémoires ; entreprise à temps, ses premiers revers inévitables pouvaient se réparer, et devaient purger à la fois le Sénat, les armées et le trône. Qu'ils aient suspecté la sincérité de Danton, repoussé ses avances, et, à la remorque de madame Roland, pratiqué ce qu’André Chénier appelle une politique de boudoir contre ce tribun, dont le visage repoussant de laïdeur révoltait les sens, je le veux. Est-ce assez pour les disculper d’avoir voté l'établissement du tribunal criminel extraordinaire du 17 août 1799, précurseur du tribunal révolutionnaire du 40 mars 4793, fait de la dénonciation un devoir patriotique, décrété que le marchand qui vendra une cocarde blanche, que la femme qui en mettra une à son bonnet, paieront de leur tête