Orateurs et tribuns 1789-1794

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une ci-devant marquise républicaine; tandis que Louvet raconte des anecdotes aussi jolies que son laublas. Quant à se commettre avec les gardes nationaux qui les défendent, jamais‘! Et Pétion donne le motif de cette abstention : « C’eût été nous venger nous-mêmes, et c'était à la nation à nous venger, à se venger ». Et puis ils auraient compromis leur considération au contact de vulgaires soldats. Conclusion : la rencontre de Vernon, terminée par la déroule des fédéralistes, et baptisée la bataille sans larmes, parce qu’elle ne coûta la vie à personne. Une autre victoire sans larmes d’un seul côté, c’est celle que le général Beurnonville se vanta d’avoir remportée : une foule d’ennemis tués, faits prisonniers; dans ses troupes un seul homme blessé, un chasseur qui avait perdu le petit doigt. On le chansonna, on écrivit plaisamment : Général, le petit doigt n’a pas tout dit! D'autres ajoutaient : le petit doigt est retrouvé?!

Quant aux Girondins restés à la Convention, madame Roland les traite d’étres pusillanimes, dont la faiblesse se couvrait d’un voile de prudence et temporisait avec

1. Il y aura donc des notaires! s'écriait une grande dame de l'ancienne cour, à laquelle on annonçait, sous la restauration, un bal pour lequel on avait lancé douze cents invitations.

2: Quand d'ennemis tués on compte plus de mille, Nous ne perdons qu'un doigt, encor le plus petit : Holà! Monsieur de Beurnonville, Le petit doigt n'a pas tout dit.