Orateurs et tribuns 1789-1794

L'ESPRIT DES ORATEURS DE LA GIRONDE. 171

le crime. Et, parmi les députés renvoyés au tribunal révolutionnaire, combien maintiennent intacte leur dignité, ne désavouent rien de leur passé, de leur résistance à la Commune? Ceux-là sont rares : les autres s'évertuent à se justifier, renient le passé, chargent leurs amis fugitifs mis hors la loi, se font gloire de leurs voles contre le roi et ses ministres. Vergniaud se met sous la protection de son décret, Duprat déclare qu’il approuve maintenant la journée du 31 mai, BoyerFonfrède atteste qu'il a plaidé plusieurs fois en faveur de la municipalité de Paris, Brissot et Gensonné bliment Guadet, Lasource dénonce Isnard, Boïleau se proclame Montagnard et convaincu qu'il a existé une conspiration contre l'unité de la République.

Parmi ces accusés, les plus intrépides sont Duchastel, Lehardy, mais ils n'avaient pas fait partie de la Législative, on les considérait comme royalistes, ct, dans le procès du roi, nous les trouvons à côté de Lanjuinais!,

ñ. La plupart des historiens rangent Lanjuinais parmi les membres de la Gironde, tandis que ses propres paroles, ses actes, le témoignage de sa famille démentent un semblable classement. Étranger à tous les partis, dit-il, isolé de toutes les sociétés, n’en connaissant d’autres que la Convention nationale, je vais présenter une opinion libre et pure de toute influence. — Quelques-uns sont les hommes d’un seul discours, d’un seul livre; ce Breton loyal, tenace, à l’âme tout ensemble gallicane et janséniste, a des mois d'héroïsme quand il défend Louis XVI, et n'hésite pas à affronter les colères des maîtres de la Convention. Un soir, dans la salle faiblement éclairée, Danton, occupant latribune vantait les services