Orateurs et tribuns 1789-1794

L'ESPRIT DES ORATEURS DE LA GIRONDE. 173

royaliste et de contre-révolutionnaire, qu'ils sont devenus synonymes de ceux d'amis des lois et de l’ordre. » Les inscriptions de la prison des Carmes, le Potius mori quam fœdari de Vergniaud, le dernier banquet des Girondins, la comédie de la guillotine jouée dans le cachot, faisant pendant au quadrille des guillotinés royalistes, autant de légendes, autant de fables sorties de l'imagination des Lamartine, des Michelet, des Louis Blanc. Lamartine a touché du doigt l’inseription écrite aux Carmes ‘avec du sang de la main même de

avec lui cet entretien : « Eh bien! monsieur, il ne s’agit jlus de tergiverser, il faut répondre à mes questions. — Sire, avec ia rapidité de l'éclair, car je ne compose point avec ma conscience. Etes-vous à moi? — Je n'ai jamais été à personne, je n’ai appartenu qu'à mon devoir. — Vous éludez. Me servirez-vous? — Oui, sire, dans la ligne du devoir, vous avez la visibilité. — Mais me haïssez-vous? — J'ai eu le bonheur de ne haïr jamais personne, d’être bienveillant et bienfaisant quand je l’ai pu, même envers ceux qui m'ont fait {uable à vue pendant dix-huit mois. »— A ces mots, Napoléon tend les bras au président élu et lui donne l’accolade. — Président de la Chambre, Lanjuinais prit seulement part à la discussion de l'adresse, où il fit substituer le mot de héros à celui de grand homme, en observant naïvement que l'expression de grand homme supposait des vertus dont celle de hérvs pouvait plus aisément se passer. — Pair de France sous la Restauration, il prit la défense du maréchal Ney et se rangea parmi les royalistes constitutionnels, ‘dans l’opposition. Sa bonté était si grande qu'il secourut souvent des conventionnels qui avaient réclamé avec acharnement et voté sa mise hors la loi. — Voir la notice historique de Victor Lanjuinais sur la Vie et les ouvrages du comte Lanjuinais. — OEuvres complètes de Lanjuinais. 4 vol. Biré, la Légende des Girondins (p. 182 et suiv.).

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