Orateurs et tribuns 1789-1794

ESPRIT DES ORATEURS DE LA GIRONDE. ti

des libelles, par exemple le Diable dans un bénitier, qui n'est pas seulement un pamphlet antiministériel, comme on l’a prétendu, mais qui contient des récits honteux, prêtant ainsi le flanc à la calomnie qui s’exerça avec une telle rage que le mot Brissotier!, devint synonyme de voler; Morande lui criait en 1792 : « Tu es un coquin, puisque {u m'as connu ; » ayant voyagé en Suisse, en Hollande, en Angleterre, en Amérique, supérieur par là aussi à ses amis qui n’ont pu, comme lui, observer et juger: défenseur des quakers et des noirs, lieutenant général de la chancellerie du duc d'Orléans sous les ordres du marquis du Crest, membre du comité de Constitution en 1789, de l’assemblée communale de Paris après la prise de la Bastille, calomniateur émérite, dénonciateur sans scrupules, député à la Législative, à la Convention, plus soucieux d'influence que de places, de tenir les fils des pantins dans la coulisse que de paraître sur la scène. « Mon cher Roland, écrivait-il, je vous envoie une liste de ceux que vous devez placer. Vous et Lanthenas, devez l'avoir

1. Morande avait imaginé de faire du nom de Brissot un verbe et de ce verbe le synonyme de voler. À force d'être répétée, la calomnie avait fini par passer comme vérité d'Évangile dans les libelles du temps. Ainsi on lit dans la Jaccbinéide :

Brissot qu'on cile avec raison, Dont l'éluge est dans chaque bouche, Lui qui vient de donner son nom

A ce bel art dont feu Cartouche Si nelfement donnait le ton.