Orateurs et tribuns 1789-1794

178 ORATEURS ET TRIBUNS.

sans cesse devant les yeux, pour ne nommer à un emploi quelconque que les sujets qui vous sont recommandés par cette liste. » Napoléon ne dictait pas plus impérieusement sa volonté à ses frères devenus rois par son bon plaisir.

Brissot de Warville (en haine de la noblesse, il s’attribuait la particule et ajoutait à son nom celui d’un village voisin de Chartres) érige volontiers ses passions en vertus d'État, ne voit de morale que dans son parti. Il a, observe Dumont, le zèle du couvent plus que personne, et frappe d’excommunication ceux qui ne font pas partie de la petite chapelle. Capucin, il aurait aimé sa vermine et son bâton; Dominicain, il aurait brûlé les hérétiques; Romain, il n'aurait pas été indigne de suivre Caton et Régulus.

C’est lui qui prépare l'acte d'accusation sur lequel de Lessart fut renvoyé à Orléans pour être jugé par la Haute Cour nationale. Dumont lui ayant reproché le vague, l’inanité des griefs articulés dans cette pièce « C’est un coup de partie, répond Brissot d’un ton sardonique.. nous avons besoin de gagner de vitesse sur les Jacobins, et cet acte d'accusation nous donne le mérite d'avoir fait ce qu'ils feraient eux-mêmes. c’est autant que nous leur ôtons. Je sais bien que les griefs sont multipliés sans cause, mais il faut cela pour faire durer le procès. 11 sera absous, car nous n'avons que des soupçons et point de preuves ; mais nous aurons gagné notre objet en l’éloignant du ministère. »