Orateurs et tribuns 1789-1794

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184 ORATEURS ET TRIBUNS.

ces Mémoires, est assez bien pénétré : revêche, violent, sauvage dans sa vie domestique et affectant l'air de la malpropreté, tandis qu'en réalité il restait fidèle à ses habitudes de confort anglais et d'élégance française, laillé en sapajou et cependant aimé de la marquise de L... femme de l'esprit le plus délicat, vendant pour vivre des remèdes et des bouteilles dont il prônait l'efficacité à la manière des charlatans, occupé sans cesse de ses expériences de physique et capable de tout sacrifier au désir d’humilier une fois l’Académie des sciences, misanthrope forcené qui eût voulu mettre tout le genre humain dans une bombe, afin de le faire sauter d’un seul coup, ne remerciant point son ami des services qu'il lui rendait, n’aimant personne que lui-même, et persuadé que tous les talents, tout le génie se concentraient en lui, que seul il était capable de gouverner la France. « Tous ses mouvements étaient d’un saltimbanque : il semblait un polichinelle dont on tirait tantôt la tête et tantôt le bras. Tout était coupé dans ses discours comme dans ses gestes. C'est que rien ne sortait de son âme, tout partait de sa tête, tout était artificiel. »

Une question amusante du roi de Danemark à Grouvelle, ambassadeur de France : « Comment se porte le roi, votre maitre! Ah! non, je me trompe, la République votre maîtresse ? » — Une définition de Servan : les lois politiques sont un jonc qui se plie dans la main des ministres ; — l’anecdote de Poivre