Orateurs et tribuns 1789-1794

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quoiqu'il soit le soutien de l’Académie des choses. Il y parvint en 1782. Son opinidtrelé éparpillée lui réussissait assez bien.

Peu d'hommes ont inspiré des jugements plus divers. Mademoiselle de Lespinasse trouve que son esprit a la grâce et la facilité de celui de Voltaire, ie sel de celui de Pascal, la profondeur et la perspicaci!é de celui de Martin : elle découvre en lui la sensibilité la plus exquise, celle qui prévient les besoins d’une âme délicate. Dans la conversation, il parait presque loujours distrait ou occupé, mais dans l’intimité, il se dédommage du silence qu'il garde en société : « Il a de la gaieté, de la méchanceté même, mais de celle qui ne peut nuire, et qui prouve seulement qu’il pense tout haut avec ses amis. » Les gens ennuyeux ne l’incommodent

_4. « On a dit que madame de Condorcet avait essuyé quelques mépris de la reine et que son zële républicain était une vengeance de femme. Je n’en crois rien. Un caractère sérieux, un esprit qui aimait à se nourrir de méditations philosophiques, des lectures républicaines, une passion pour les écrits de Rousseau, avaient enflammé sa tête; son mari ayait un enthousiasme de réflexion, elle en avait un de sentiment; tous deux étaient fermement persuadés que la liberté en France ne pouvait pas se soutenir à côté du trône.» (Souvenirs de Dumont.)—Madame de Condorcetétait alors célèbre par sa beauté : Anacharsis Clootz l'appelait la Vénus Lycéenne, les écrivains royalistes l’attaquèrent avec un acharnement inouï, Elle fit paraître en 1198 une Traduction de la Théorie des sentiments moraux d'Adam Smith, en y joignant huit Lettres sur la Sympathie, où elle examine et critique quelques-unes des opi. nions de l’auteur anglais. Elle mourut en 1822.