Orateurs et tribuns 1789-1794

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tiques de la brutalité populacière. Et quel acharnement de mauvais goût contre Necker, coupable surtout d’avoir succédé à Turgot, et de ne point partager ses idées en économie sociale! « C’est l’abbé Dubois, ditl, qui remplace Fénelon. » ‘

Quant aux écrits du banquier de Genève, il n’y voit qu'une simple traduction, en langage pompeux, des dialogues de l'abbé Galiani, et rappelle l’anecdote d’une statue grecque, élégante et svelte, qu'un empereur romain fit dorer, et qui perdit toutes ses grâces. Pour mieux l’accabler, il parle encore d’un grand seigneur que ses amis cherchent d'avance à consoler de la critique, parce qu'il avait fait une mauvaise traduction de Tacite : « Ne craignez rien pour ma réputation d'auteur, leur dit-il, je viens de prendre un meilleur cuisinier. » Mieux encore : Condorcet ne s’avise-til pas de réprimander Voltaire d’une épitre louangeuse qu'il adressa en 1776 aux Necker : « Je suis fâché de ces vers, Vous ne savez pas assez quel est le poids de votre nom. Vous ressemblez aux gens qui vont applaudir Arlequin quand il y a relâche à Zaire. Je ne connais votre pièce que par ouï-dire, mais ceux qui l'ont lue m'assurent qu'à propos de M. et madame l’Enveloppe (les Necker) vous parlez de Caton. Cela me rappelle un jeune étranger qui me disait : « J'ai vu trois grands » hommes en France, M. de Voltaire, M. d’Alembert et » M. l'abbé de Voisenon. » Et, afin d’exciter son correspondant contre Necker, il lui révèle que ce dernier