Orateurs et tribuns 1789-1794

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sont pratiquées : l'une, que toute femme qui consent à recevoir dans sa société un homme sans mœurs, finit par en devenir la victime : l’autre, que foute mère est au moins imprudente, qui souffre qu’une autre qu’elle ait la confiance de sa fille. Cependant l'abus, - toujours si près du bien, me paraît ici trop à craindre; et, loin de conseiller cette lecture à la jeunesse, il me paraît très important d'éloigner d'elle toutes celles de ce genre. L'époque où celle-ci peut cesser d’être dangereuse et devenir utile me parait avoir été très bien saisie, pour son sexe, par une bonne mère qui, non seulement a de l'esprit, mais du bon esprit: — Je croirais, me disait-elle après avoir lu le manuscrit de cette correspondance, rendre un vrai service à ma fille en lui donnant ce livre le jour de son mariage. »

Dieu préserve nos fils de telles filles et de telles belles-mères !

A tout prendre, les Liaisons dangereuses renferment des maximes empreintes d’un cynisme brillant, des personnages observés sur le vif, dessinés d’un crayon sûr et peints sans fard. Je veux admettre que Laclos n'ait pas vécu lui-même son roman, mais ses contemporains en donnaient la clef, mettaient des noms sur certaines figures. Et voici quelques traits qui m'ont paru dignes de passer sous les yeux du lecteur.

Laclos, par exemple, développe volontiers cette pensée que les femmes aiment l'amour plus que l’amant, que c’est l’imagination de l'être épris qui fait les quali-