Orateurs et tribuns 1789-1794

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répéter avec Montaigne : « Notre vie est partie en folie, partie en prudence. Qui n’en écrit que sévèrement et régulièrement, en laisse en arrière plus de la moitié » ?

Quoi qu'aient pu écrire ses panégyristes, on ne saurait lui pardonner ce forfait monstrueux, les massacres de Septembret, pas plus qu'on ne doit pardonner à Charles IX la Saint-Barthélemy, à Louis XIV la révocation de l’Édit de Nantes. Mais {out n’est pas mauvais dans cet homme; des événements furieux l'ont jeté dans une politique furieuse, développant le chef barbare, le chef de bande qui était en lui, empé-

cruellement expier les massacres de Septembre. Quant à vous, souvenez-vous bien que tous ceux qui ont péri alors étaient vos ennemis, ceux de votre père et de votre race entière. La haine remontait au Régent. Tenez-vous donc pour dit que vous n'avez rien à espérer d’eux, ni de la ligue des rois; leur haine et leur vengeance vous poursuivront partout; si vous êtes sage, vous vous tiendrez tranquille et vous vous préparerez au rôle que l'avenir vous réserve peut-être.

» — Je vous remercie de cette recommandation, mais, ce que je veux, c'est aller défendre mon pays et me faire tuer si l’occasion m'est favorable, car je suis rempli de dégoût pour tout ce que je vois.

» Sur cela, Danton me congédia en riant et me disant :

» — Soyez raisonnable, ou gare à vous !

» Je ne le revis plus, et je rejoignis l’armée de Dumouriez au lieu d'aller à Strasbourg. »

4. Sous l'Empire, on demandait à Lagrange comment il avait pu voter les terribles conscriptions annuelles : « Cela ne changeait pas sensiblement les tables de la mortalité, répondit-il ». Quel mot de mathématicien idéologue!