Orateurs et tribuns 1789-1794

L'ESPRIT DES ORATEURS DE LA MONTAGNE. 237

trompent, mais la preuve absolue, mathématique, contre Danton, manque.

C'est Mirabeau qui écrit au comte de Lamarck que Danton (il signait d’Anton pendant qu'il exerça la profession d'avocat aux conseils du roi) a reçu trente mille livres; c’est Bertrand de Moleville qui certifie qu’il a touché cent mille écus pour proposer ou appuyer différentes motions au club des Jacobins, qui adresse à Danton une lettre où il le menace de publier les papiers de M. de Montmorin prouvant ce fait; c’est Lafayette qui parle aussi des cent mille livres et de cinquante mille autres écus remis quelques jours avant le 10 Août, il cite même un mot de Madame Élisabeth : « Nous sommes tranquilles, nous pouvons compter sur Danton »; Lafayette qui ajoute cette parole si grave : « Plus tard, il a reçu encore beaucoup d’argent, mais je w’ai eu personnellement connaissance que du payement des cent mille livres. Danton lui-même m'en a parlé à l'Hôtel de ville et m'a dit pour se justifier : « Général, je suis plus monarchiste que vous. » C’est encore Brissot, le principal membre du comité diplomatique qui affirme avoir vu le reçu de cent mille écus versés par Montmorin; c’est madame Roland qui répète ct dramatise le grief; elle ne peut supporter cette « figure repoussante et atroce », son imagination lui figure Danton, un poignard à la main, excitant de la voix et du geste une troupe d’assassins plus timides ou moins féroces que lui; « ou bien content de ses