Orateurs et tribuns 1789-1794

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forfaits, indiquant par le geste qui caractérise Sardanapale, ses habitudes et ses penchants.., il désigne les gens redoutables dont il faudra opérer la perte; il gage les écrivains ou inspire les énergumènes qu'il destine à les poursuivre; il enchérit sur les inventions révolutionnaires des patriotes aveugles ou des fripons adroits; il combine, arrête et fait exécuter des plans capables de frapper de terreur, d’anéantir beaucoup d'obstacles, de recueillir beaucoup d’argent et d’égarer l'opinion sur toutes ces choses! » Même langage de la part de Saint-Just, Buchez et Roux, Louis Blanc, Thiers, Mignet, Robespierre. Ce dernier rapporte aussi la réponse de Danton quand il énumérait devant lui les calomnies des Brissotins : « Que m'importe? l'opinion publique est une p..., la postérité une sottise », Mignet admet qu'il est vendu à la cour. Il se montra, dit-il, exterminateur sans être féroce, inexorable à l'égard des masses, humain, généreux même pour les individus; une révolution, à ses yeux, était un jeu où le vainqueur, s’il en avait besoin, gagnait la vie du vaincu.

Louis Blanc raconte l’anecdote suivante qu’il tenait du fils du conventionnel Cavaignac, Un jour que Danton dinait avec celui-ci et plusieurs Jacobins, il lui

1. « Que r'a t-on pas dit de moi, observait un jour Danton, en parlant de la foule d’écrits et de propos auxquels il a donné lieu depuis la Révolution? — Que vous êtes un honnête homme, répondit froidement madame C... » (La Feuille du matin, 6 décembre 1792.