Orateurs et tribuns 1789-1794

240 ORATEURS ET TRIBUNS.

— J'ai armé les sections de Paris.

— Et les cent mille livres de fonds secrets du ministère de la justice ?

— J'ai fait le 10 Août.

— Et les deux millions de dépenses secrètes de l’Assemblée dont vous avez pris le quart?

— J'ai arrêté l'ennemi en marche et j'ai barré le passage aux rois coalisés.

— Prostitué! dit Marat.

Danton se dressa effrayant.

— Oui, cria-til, je suis une fille publique, j'ai vendu mon ventre, mais j'ai sauvé le monde.

On lira dans les livres de M. Robinet la réfutation.

Elle pourrait se résumer ainsi : Danton, d’après le témoignage de Condorcet, a cette qualité précieuse de ne craindre ni les lumières, ni les talents, ni la vertu; dans l'exercice de sa profession, il s’est concilié l’estime des hommes les plus compétents : Debonnière, Hardouin, Linguet, Gerbier; il vivait en famille, il fut la providence matérielle des siens, et n’était naturellement ni habituellement cynique. Il aimait la gloire et avait une si haute idée de la postérité qu'il dit un jour à Courtois : « Je ne pense pas comme ces gens qui aiment mieux déplaire à ceux qu'ils ne verront jamais, qu'aux personnes avec lesquelles ils sont obligés de vivre ».

Quant aux imputations de vénalité, M. Robinet les croit tout aussi mensongères que les autres attaques.