Orateurs et tribuns 1789-1794

L'ESPRIT DES ORATEURS DE LA MONTAGNE. 941

Il achète sa charge d'avocat aux conseils du roi en 1787 moyennant la somme de soixante-dix-huit mille livres, paie cinquante-six mille livres en espèces et rembourse le reste dans le courant de l'année. Aucune opposition ne se produit, d’où M. Robinet conclut que, en 1791, Danton n'avait aucune dette. La vénalité des charges est abolie en 1789, les offres de judicature supprimées, lors du remboursement. D'ailleurs son cabinet n'avait cessé de prospérer et son apologiste évalue le bénéfice annuel à vingt mille francs au moins. Au commencement de 1191, il possède une fortune immobilière de quatre-vingt-cinq mille francs; à sa mort, il laisse cette même fortune à ses enfants, sans l’avoir aucunement accrue. Il n’est ni viveur, ni libertin, ni joueur; où donc auraient passé les millions qu'on l’accuse d’avoir dilapidés. Ses ennemis ont menti, et les historiens ont répété sans les contrôler leurs calomnies : les uns ont menti parce qu'ils haïssaient Danton, ceux-ci parce qu'ils le craignaient, d’autres pour l’assassiner dans sa chair et dans son honneur, à l’exemple de cet Italien qui promet à son ennemi terrassé qu'il aura la vie sauve s’il renie Dieu, et qui le poignarde après le parjure, se vantant ainsi de lui avoir pris son âme et son Corps.

Et voici la péroraison du plaidoyer de M. Robinel :

« Issu d’une famille honorable de la bourgeoisie moyenne, il se trouva doué de dispositions intellectuelles et morales qui le portèrent vers la vie publique,

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