Portalis : sa vie, et ses oeuvres

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» lois politiques et civiles, parce qu’elles sont, après » elle, le plus grand bien que les hommes puissent » donner et recevoir !. »

Publié sous les auspices de Choiseul que la sympathie de la France suivait dans sa retraite, ce noble et chaleureux plaidoyer en faveur de l’humanité eut, malgré les colères des dévots de cour, l’éclatant succès qu'il méritait; il obtint même des suffrages inattendus. « Linguet, qui n’aimait pas les avocats, » a dit, dans son Mémoire pour Madame de Bom» belles, que cet ouvrage est plein d’éloquence et » de solidité ?, » Le manuscrit de Portalis fut mis sous les yeux de Voltaire, par Moultou, de Genève, et, malgré ses préventions contre tout ce que la foi chrétienne inspirait, le vieux philosophe l’apprécia dans les termes les plus flatteurs : « Ce n’est point » là une consultation, disait-il, c’est un véritable » traité de philosophie, de législation et de morale po» litique *. » |

1. Consultation. — Discours et rapports sur le Code civil, pages 165, 470 et 471.

2. Notice de M. le comte Portalis, page 6.

3. «Ce qui est plus concluant encore, il annola de sa propre » main le manuscril, Quelques-unes de ces annotalions sont fort » piquantes, el lout à fait, malgré leur brièveté, dans le tour d’es» prit frondeur et sarcastique de Voltaire. Ces annotations sont » précédées de quelques lignes de préambule que je transcris lit» léralement : « Si les avocats sont assez courageux pour signer » cette dissertation, si les juges sont assez sages et assez hardis » pour faire une loi nouvelle, je me fais porter en litière, tout » mourant que je suis, et je vais les remercier; je leur dirais : » Nunc dimittis, etc. Les hommes seraient-ils devenus raison» nables? Par Dieu, je voudrais bien voir la sotte révocation de