Portalis : sa vie, et ses oeuvres

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chevalier de Malte qui avait excité des troubles au théâtre, l’ordre avait déclaré à jamais indignes d’être admis dans son sein le marquis et sa postérité. Portalis, consulté, n’hésita pas à conseiller l’appel comme d'abus, et, malgré le crédit de l’ordre de Malie, il soutint ses conclusions devant le Parlement d’Aix, qui lui donna gain de cause. Irrité de cet arrêt et plus encore de la hardiesse avec laquelle Portalis avait discuté les prérogatives et la constitution de l’ordre, le grandmaître porta plainte à Versailles. À cette nouvelle, la Provence entière protesta : le barreau, l’administration provinciale, la Cour des Aïdes, le Parlement adressèrent au Roi dessuppliquesen faveur de Portalis, et Louis XVI le fit assurer de sa protection dans les termes les plus flatteurs !.

Au miliéu des incidents que souleva ce procès, Portalis avait à en suivre un autre et à lutter contre le premier orateur destemps modernes, Mirabeau. À peine sorti du donjon de Vincennes où l’avait fait enfermer la rigueur paternelle, Mirabeau était retourné en Provence, et, malgré le scandale encore récent de ses liaisons avec Sophie de Monnier, il voulut contraindre la comtesse de Mirabeau à revenir auprès de lui.

4. Dans la notice biographique qu’il a consacrée à la mémoire de son père, M. le comte Purtalis cite (page 9) un extrait de la dépêche qui fut adressée à Portalis et qui donne une étrange idée du style diplomatique alors en usage. « M. le comte de Vergennes, » ministre des affaires étrangères, écrivit à Portalis : Sa Majesté » n’oubliera jamais le degré de protection qu’elle doit à un sujet » aussi utile et aussi estimable que vous, contre les prétentions » d’un ordre que le bien public demande qu'elles soient restreintes » (sic). » à