Portalis : sa vie, et ses oeuvres

AVOCAT 27

Celle-ci répondit par une demande en séparation que six avocats du barreau d'Aix appuyèrent dans une consultation écrite et que Portalis fut chargé de soutenir à audience. Les débats attirèrent une affluence im mense; « malgré la garde triplée, portes, barrières, » fenêtres, tout fut envahi, enfoncé par la foule; on » dit même que ceux qui ne purent pénétrer dans l’en» ceinte essayaient au moins de voir du dehors, en » montant sur les toits. L’archiduc de Milan, frère de » l'empereur Joseph IT et de la reine Marie-Antoinette, , et l’archiduchesse sa femme, assistaient à l’audience » dans une tribune !. »

Mirabeau plaida lui-même sa cause. Il fut pathétique et fougueux, il émut les juges, il transporta l’auditoire : en un mot, il révéla ce qu'il devait être bientôt à l’Assemblée nationale. Portalis, à son tour, se leva, pleinement maître de lui : avec une modération de langage qui doublait la puissance de ses arguments, 1° retraça la jeunesse de Mirabeau, il rappela quel époux, quel père il avait été, et, abandonnant aux juges le soin de conclure, il laissa son adversaire frémissant sous le coup de l’arrêt porté par sa propre vie contre lui-même. Mirabeau voulut répliquer : il se montra plus éloquent encore que dans son premier discours ; mais, exaspéré par le calme de Portalis, il ne mit plus de bornes à son emportement. Sa parole mordante et acérée n’épargna personne, excepté son redoutable adversaire dont l’éloquence et la loyauté lui arrachèrent

1. Notice de M, Lallement, page 7,