Portalis : sa vie, et ses oeuvres
SES DERNIERES ANNÉES 351 » cement sur les esprits et sur les cœurs? Ne faut-il pas » qu'un magistrat, un jurisconsulte puisse défendre » avec avantage les droits de la justice et de la vérité? » Les ressources que lui offre l’art de bien parler et » de bien dire ne lui sont-elles pas nécessaires pour » déterminer les autres à bien juger ou à bien agir? » En général, il ne suffit pas de convaincre, il faut en» traîner. Pour le triomphe de la raison,. on a tou» jours besoin de quelque chose de plus que de la raison » même. »
Ami sincère et non flatteur des écrivains, Portalis ne séparait pas les droits de la littérature de ses devoirs. I1 voulait, sans doute, que les intérêts des gens de lettres fussent scrupuleusement sauvegardés, que la loi les mit à l'abri de l'exploitation des éditeurs et il réclamait la perpétuité de la propriété littéraire; mais, en même temps, il rappelait aux écrivains que, plus leur influence est grande, plus ils sont tenus d’en user dignement et de ne jamais chercher les éléments d’un déplorable succès dans la négation des principes moraux et religieux sur lesquels reposent les sociétés. Il examine, à ce sujet, la question délicate du contrôle de la librairie, et il recherche.dans quels cas l’État doit intervenir. Il désire que cette intervention s’exerce le plus rarement possible; mais il la croit quelquefois indispensable. Il ne conteste pas que, pour le progrès de la science et la diffusion des lumières, il ne soit nécessaire de laisser la raison humaine libre dans le choix et
4. Portalis, Éloge du président Séguier, pages 38 à 41.