Portalis : sa vie, et ses oeuvres
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La mort de Portalis donna lieu partout à de sincères manifestations de regret et de sympathie : la ville d'Aix, dont il avait illustré le barreau, les différentes communions religieuses qu’il avait réorganisées et protégées, l’Académie où il n’avait fait que passer, célébrèrent à l’envi ses talents et ses qualités morales. Le sous-préfet d’Aix, M. d’Arbaud de Jouques, qui avait été son secrétaire et son ami, rappela aux habitants d'Aix cette douceur, cette affabilité, cette parole tour à tour piquante et profonde qui avaient fait longtemps le charme de leur société ; les divers orateurs ecclésiastiques qui prononcèrent spontanément son oraison funèbre, les pasteurs Gœpp et Blessig à Strasbourg, l'abbé Philippi à Vintimiglia, les évêques de Coutances, d’Aix-la-Chapelle et de Quimper, les rabbins de plusieurs synagogues louèrent ses sentiments religieux, son zèle pour les intérêts des cultes et son admirable tolérance. Son successeur à l’Académie, le poëte Laujon 1, et Bernardin de Saint-Pierre rappelèrent avec éloge son amour des lettres et l'esprit de conciliation qui inspirait tous ses actes.
L'Empereur avait, plus que tout autre, senti l’étendue de la perte qu’il venait de faire : l’Impératrice et le prince Eugène en transmirent l’assurance à Me Portalis, dans deux lettres empreintes d’une douloureuse sympathie et de la plus affectueuse estime. Peu de jours après la mort de Portalis, Napoléon fai-
1. Ce vieillard octogénaire, auteur de l’'Amoureux de quinze ans, était un singulier successeur pour Portalis, On. s’en aperçut, du reste, à son discours de réceplion.