Portalis : sa vie, et ses oeuvres

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tait en vain sous le poids d’erreurs et de crimes qui n'étaient pas les siens : il recourait à tous les expédients, employait tous les moyens de gouvernement, essayait de tous les ministres. Necker, Calonne, Brienne se succédaient sans réussir à conjurer le péril ; les assemblées de notables ajournaient les questions que les lits de justice supprimaient sans rien résoudre ; les réformes précipitées et la réaction, les concessions téméraires et les coups d’État, s’annulant les uns les autres, précipitaient le mouvement au lieu de l’arrêter. En 1788, une faute décisive fut commise. Alarmée des progrès de l'esprit d’opposition au sein des parlements, la cour tenta un dernier effort pour ressaisir le pouvoir qui lui échappait. Le comte de Brienne se flatta de prévenir l’explosion par un coup d’audace et fit signer au roi les édits de mai 1788, qui modifiaient la législation criminelle, établissaient des grands-bailliages à la place des parlements, mettaient ceux-ci en vacances illimitées et leur enlevaient toute fonction politique en créant une cour plénière unique chargée d'enregistrer les actes royaux. La transcription des édits sur les registres des divers parlements fut requise militairement.

À la nouvelle de ce coup d’État, que le Parlement de Paris avait, il est vrai, imprudemment provoqué par son opposition intempestive contre les édits bursaux, l'émotion fut profonde dans tout le royaume. À Aix, le Parlement protesta par l’organe de son avocat général, et le barreau chargea Portalis