Portalis : sa vie, et ses oeuvres

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nécessaire uniformité. Portalis contestait la vérité de ces assertions : il répondait que, pour la préparation des lois, la lenteur est préférable à la précipitation, et que, dans un royaume formé de la réunion successive de diverses provinces autonomes, il fallait admettre de nombreuses exceptions au principe de l’unité de législation. À ce point de vue, il insistait avec une particulière énergie sur les droits du comté de Provence à une administration distincte. Fortement imbu de l’esprit provincial et plein d’un vif attachement pour l’antique constitution de son pays natal, Portalis allait très loin dans l'expression de ses opinions séparatistes. À ses yeux, la Provence n’avait de commun avec la France que le souverain. Il le dit en termes formels et à plusieurs reprises :

« La Provence est une monarchie distincte de la » France. Toute loi préparée hors du pays vient » d’une terre étrangère ; elle a besoin d’être naturali» sée par l'examen libre des magistrats locaux... » Toute cour qui prononce et qui ordonne, non pas au » nom du comte, mais au nom du roi, ne peut avoir » une autorité légitime sur les habitants de Pro» vence !. »

Le défenseur jaloux des priviléges provençaux n’était pas moins opposé alors à l'établissement d’une législation uniforme pour tout le royaume qu'à une fusion politique entre le comté de Provence et le reste de la France. Il disait :

1. Lettre des avocats au parlement de Provence, pages 17, 21 et 22.