Poussière du passé : (notes et tableaux d'histoire)

LE ROMAN D'UNE IMPÉRATRICE 99

sition naturelle à l’indulgence et au pardon est un des traits les plus frappants de son caractère. Entendons-nous, cependant. Indulgente et généreuse quand l’outrage ne s’adressait qu’à la femme, oui, souvent, presque toujours. Mais quand il s’adressait à la souveraine, jamais. Dans le premier cas, on eût dit qu’elle reconnaissait qu’en consentant à déchoir elle s’était exposée à l'aventure qui lui arrivait. Elle la subissait com me une humiliation méritée. Dans le second, elle se montrait intraitable, comme s’il lui eût été impossible d’admettre que quiconque, si grand qu’il fût, pût manquer inpunément au respect dû à la toute-puissance dont elle était dépositaire. Il est d’ailleurs remarquable que, jusqu’en ses désordres, elle ne perdit jamais de vue ce que commandaient l'intérêt de son pouvoir et la dignité de sa couronne. Elle eut des faiblesses en tant que femme; en tant que souveraine, On ne lui en connaît guère, et si, un jour, elle fut au moment de consentir à ce que Grégoire Orlof devint son mari et partageât son trône, c’est qu’elle n’avait pu oublier qu’elle le lui devait. C’est là l’impression qui résulte du livre dont

je viens de parler. On aurait tort de croire, en