Poussière du passé : (notes et tableaux d'histoire)

VIES D'ÉMIGRÉS 105

mour. On y découvre des romans pathétiques.

Elle compte des héros, mais aussi des traîtres. L’espionnage et le vol s’y pratiquent en grand. Les acteurs en sont innombrables. On y voit des princes qui n’ont pas le sou et dontles créanciers, las d'attendre, saisissent les équipements ; des exilés, chassés de ville en ville, crevant de faim, entraînés aux pires métiers par les suggestions de la misère.

Certaines femmes y donnent l’exemple de toutes les vertus, de tous les courages; d’autres, le plus petit nombre, celui de toutes les bassesses. À Coblentz, à Vérone, à Mitau, à Varsovie, à Londres, partout où stationne la pauvre Cour du comte de Provence, éclatent et s’aiguisent autant d’intrigues qu’à Versailles. Le comte d'Artois, sous l’influence de son entourage, jalouse son frère, qui lui-même est calomnieusement accusé d’avoir souhaité la mort de son aîné et du fils de ce dernier, pour leur succéder plus vite. Les pires ennemis de Marie-Antoinette sont des émigrés. Calonne et Breteuil se disputent le pouvoir dont ils ne savent se servir ni l’un ni

l’autre. On reproche au malheureux Louis XVI