Poussière du passé : (notes et tableaux d'histoire)

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tes restent fermées et ceux-là, jusqu’en 1814, mènent la plus atroce existence.

Ce que pouvait être, dans le courant de tant d’invraisemblables calamités, la vie d’une famille, il faut le lire dans les récits de la marquise de Falaiseau, reconstitués par le vicomte de Broc. Cette histoire est semblable à des milliers d’autres, du même temps. Un jour, la Révolution, les émeutes qu’elle engendre, la Jacquerie qu’elle encourage, les projets qu’elle annonce, les crimes qu’elle commet, les lois qu’elle édicte, ont rendu la vie intenable à Paris, et dans les provinces.

On est parti, encouragé par l’exemple de ceux qui ont déjà émigré et qui écrivent: « Venez nous rejoindre, mon cœur. On est très gai, ici. C'est la même vie qu'à Versailles. Nous en avons pour trois mois. » Oui, c’est sur ces belles assurances qu'on s’est mis en route. Départ charmant. Les chemins sont couverts de voitures emportant des fugitifs qui s’en vont, comme en une partie de plaisir, convaincus que «ça ne durera pas ». Leur confiance, on la partage. Il s’agit de passer loin de tout péril un mauvais moment, et bientôt on reviendra.

Soudain, de l’autre côté de la frontière, tout