Poussière du passé : (notes et tableaux d'histoire)

LES MÉMOIRES DE GUERRE 171

Marbot et Thiébault ont été deces hommes-là. Mais, comme je lai dit, tandis que le premier n’est véritablement captivé, électrisé, grisé que par les spectacles de la guerre, passe vite sur tout le reste pour s’en tenir aux faits glorieux qui constituent l'épopée impériale et nous vaut ainsi un livre d'histoire militaire que transfigurent jusqu'aux proportions d’une iliade ou d’une odyssée la puissance de son pinceau et l’éclat des couleurs dans lesquelles il le trempe, le second, d’une tournure d’esprit toute différente, véritable nature d'homme de lettres, moins préoccupé du côté extérieur des événements, moins convaincu de la magie des champs de bataille, s’arrête plus volontiers à ces mêmes détails anecdotiques, à ces descriptions de personnes et de milieux, qui font mieux connaître ceux qui en sont l’objet.

Et c’est là qu’en effet réside le principal intérêt des Mémoires du baron Thiébault, dans cet art délicat, dans cette habileté prestigieuse avec lesquels il nous fait pénétrer dans un milieu social infiniment attrayant et dont on peut dire qu'il ne reste plus rien aujourd’hui. Dix ans d’études incessantes ne m’avaient pas donné de

la société de la fin du siècle dernier une idée sen-