Poussière du passé : (notes et tableaux d'histoire)

LES MEMOIRES DE GUERRE 127

diens ou sincères, devant elles ils se faisaient petits, naïfs, humbles et savaient s’attendrir.

Partout, en cette autobiographie d’un intérêt si puissant, l’homme perce sous le héros, un homme d’une allure si chevaleresque, d'une si belle humeur, qu'on peut se demander si par sa hauteur d’esprit, sa faculté d’observation, sa délicatesse d'âme, il ne dépasse pas, et de beaucoup, la plupart de ses compagnons qui, par d’autres côtés, nous apparaissent trop souvent comme des soudards et des reîtres disciplinés par une volonté de fer qu’ils aimaient et admiraient autant qu’ils la redoutaient, mais ne valant que par elle et subitement amoindris quand elle ne les domine plus. Dans un de ses plus beaux romans, Balzac nous a montré le revers de ces héros. Son Philippe Bridau est légion. Les hommes comme Thiébault sont des exceptions. Si nombreuses qu’ellesaient été alors, elles confirment la règle.

Ce revers des héros, Thiébault ne nous en ménage guère les traits, pas plus qu'il ne nous épargne aucun des ténébreux dessous de tant de gloire militaire. Ce côté mélancolique et quelque-

fois répugnant des aventures épiques dans les-