Poussière du passé : (notes et tableaux d'histoire)

LES MÉMOIRES DE GUERRE 183

n’en restèrent pas moins tendus, presque pénibles, et la réconciliation définitive n’eut lieu que le 12 avril 1814, lorsque, courtisan fidèle du malheur, il donna au grand vaincu qui venait d’abdiquer les plus nobles marques de dévouement. «Duc de Tarente, lui dit l'Empereur, je suis on ne peut plus touché et reconnaissant de votre dévouement et de votre conduite. Je vous ai mal connu; on m'avait prévenu contre vous. J’ai tant fait, comblé tant d’autres qui m'ont abandonné, délaissé, et vous, qui ne me deviez rien, m'êtes resté fidèle. J’apprécie trop tard votre loyauté. »

Nous savions déjà par M. Thiers une partie de ces émouvants détails. Le récit du maréchal les confirme et M. Camille Rousset, dans la belle introduction qu’il a écrite pour nous le présenter, les précise en les complétant.

À propos de ces mémoires, il est impossible de ne pas rappeler ceux de Marbot. Les deux mémorialistes parlent des mêmes temps et racontent les mêmes événements. Mais le plus illustre des deux ne possède pas au même degré que l’autre la puissance de vision, le don d’évocation, l’art de ressusciter ce qui est mort et de