Poussière du passé : (notes et tableaux d'histoire)

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le faire revivre sous nos yeux, avec des couleurs éclatantes. Toutefois, Macdonald nous donne une sécurité plus grande et plus de certitude. On sent qu’il a eu par-dessus tout le souci de la vérité et qu’il n’a rien sacrifié au désir de nous attacher en nous passionnant. Il raconte les choses sans fièvre, aussi calme en les racontant que lorsqu'il y assistait. En le lisant, les cœurs ne battront pas avec autant de violence qu’en lisant le fougueux Marbot ; nous ne verrons pas aller et venir les personnages que ce dernier fait défiler sous nos yeux, si vivants et si parlants qu’on les dirait de chair et d’os. Mais, en revanche, il ne viendra à aucun de nous la pensée que ce qu’on nous raconte a été quelque peu -romancisé pour les besoins de la cause. Remarquez bien que je n’entends pas déprécier l’un des deuxécrivains aux dépens de l’autre. Chacun d'eux a son mérite. Celui-ci me fait frissonner et me jette dans une exaltation fiévreuse. Celui-là me fait penser et m’émeut. Marbot est le peintre enflammé des champs de bataille et des formidables mêlées d'hommes. Il a regardé de tous côtés, vu les paysages sous le

soleil ou sous la neige, compté les morts dans