Poussière du passé : (notes et tableaux d'histoire)

LES MÉMOIRES DE GUERRE 185

les plaines dévastées, étudié le visage des vainqueurs, pénétré l’âme des vaincus et retenu jusqu'aux moindres détails de ces visions héroïques. On sent bien que Macdonald a subi les mêmes impressions. Mais comme il n’écrivait que pour son fils, sans ambitionner de léguer à la postérité un chef-d'œuvre, il n’a pas cherché à les exprimer sous la même forme entraînante.

Et ce qui précède suffit à expliquer pourquoi ilest supérieur lorsqu'il déserte les champs de bataille, dont la description exige des pinceaux plus fortement trempés que les siens pour les épisodes dont l’intérêt réside dans la pathétique grandeur des trônes qui s’effondrent et des maisons régnantes qui finissent. Son livre contient à ce point de vue deux récits merveilleusement tracés, celui de la première abdication de Napoléon et celui de la fuite des Bourbons devant le revenant de l’île d’Elbe.

Le premier de ces événements avait eu déjà des narrateurs, après lesquels Macdonald a su, en le reconstituant à l’aide de ses souvenirs personnels, nous y intéresser encore. Il marque avec une saisissante vérité l’immense lassitude

qui, en avril 1814, s'était emparée des soldats de