Poussière du passé : (notes et tableaux d'histoire)

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plus éminents contemporains, il a connu « cette douceur de vivre » dont parlait l’un d’eux, Talleyrand. Il a assisté au procès de Louis XVI. Il a entendu prononcer sa condamnation, Il était au pied de son échafaud.

Sous la Terreur, qui mit son père à mort, luimême a été proscrit et n’a été sauvé de la guillotine que par la chute de Robespierre. Il a vu la réaction thermidorienne, les journées de Fructidor, le coup d’État de Brumaire, l'avènement de Bonaparte, la proclamation de l'Empire. Il a siégé au conseil d’État. Ilest devenu préfet de police de Napoléon. La Restauration l’a fait ministre. Sous Louis-Philippe, il a présidé la Chambre des pairs. Il n’a quitté la vie publique qu’en 1848. Il a donc été, de tout temps et partout, à la bonne place pour entendre et pour voir. Il doit à cette circonstance la compétence et l’autorité qui donnent à ses mémoires unsi grand prix.

Ce n’est pas, d’ailleurs, leur unique mérite. Ils en doivent un autre, et qui n’est pas moindre, à indépendance dont il était animé lorsqu'il les a écrits. N'ayant pas trempé dans les intrigues si fréquentes aux heures où il vécut, n’ayant été

jeté dans aucun événement louche, ayant mené sa