Poussière du passé : (notes et tableaux d'histoire)

LE ROMAN D’UNE IMPÉRATRICE 87

dit aujourd’hui, une confirmation définitive qui équivaut à une révélation.

La vie de Catherine peut se résumer en peu de mots. Elle naît obscure et pauvre. Rien, dans sa naissance et son éducation, ne semble la préparer à ses glorieuses destinées. Une fantaisie de l’impératrice Élisabeth la tire de sa modeste existence et fait d’elle l'épouse de Pierre-Ulric de Holstein, héritier de: la couronne de Russie. Au moment où elle se marie, en 1745, après avoir appris la langue russe et s’être convertie à la religion orthodoxe, elle a seize ans. Son mari en à dix-sept : — un pauvre être, disgracié de corps, déformé d’âme, déjà la proie d’habitudes vicieuses, « violent et sournois, peureux et vantard, une âme gauche, bizarre et tourmentée dans un corps étroit, pauvre de sang et prématurément ravagé. » Jamais elle ne l’aimera. Serait-elle disposée à l'aimer que ce malheureux l'aurait vite découragée. Déjà se manifestent en elle les ardeurs de sens et de cœur qui, plustard, ouvriront successivement sa couche à des favoris dont le nombre égale et dépasse celui des favorites d'Henri IV, de Louis XIV et de Louis XV.

Mais l’impératrice Élisabeth veille de près sur la