Poussière du passé : (notes et tableaux d'histoire)

LE ROMAN D'UNE IMPÉRATRICE 95

personnage comme Catherine, nous attire plus encore que son histoire politique c’est son histoire intellectuelle et psychologique. On a pu, en ces derniers temps, relever un phénomène analogue en ce qui concerne Napoléon. Après avoir longuement admiré le souverain de génie qui réorganisa la société française, à moitié détruite par la Révolution,etleconquérant glorieux qui,durant dix années, asservit l’Europe à ses volontés, nous avons voulu connaître l’homme. Tout ce qui a concouru à nous livrer quelque chose de son âme a été accueilli avec plus d’avide curiosité peutêtre que les innombrables épisodes de guerre, plus propres, à relever sa gloire, dont nos esprits avaient été rassasiés grâce aux récits des soldats qui furent associés à ses victoires et à ses revers. Comment il gagna la bataille d’Austerlitz et comment il fut vaincu en Russie par les éléments déchainés, voilà certes d’épiques épisodes de son histoire dont nous ne pouvons nous souvenir sans être pénétrés d’admiration ou de pitié. Mais, quand on nous initie au brûlant amour qu’il avait conçu pour Joséphine, les péripéties dont son âme est le théâtre, depuis le jour où il captive la mobile créole jusqu’au