Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3, page 228
ia LEGISLATIVE. 189
tout était combat. L'expérience des dissentiens et du tumulte qu’elle avait éprouvés dans une seule chambre, n’avait pas été suffisante pour l’avertir de diviser le pouvoir législatif, Elle ne laissait au roi, pour y participer, qu’un veto limité dans son institution, funeste dans son exercice. Il n'avait pas assez d’emplois à sa nomination, pour attirer vers lui les hommes ambitieux; seulement il pouvait acheter quelques ames vénales avec une liste civile, seul objet où l'assemblée constituante eûtmontré envers lui quelque libéralité ; et ce don lui fut encore fatal, car la liste civile devint une source de diffamation pour les défenseurs les plus désintéressés du trône constitutionnel. La royauté ne reparaissait donc que pour être avilie et odieuse.
Voilà quel était ouvrage, long-temps élaboré et vanté, d’une assemblée à jamais célèbre par le concours de talens, et. même de vertus, qui s’y distinguèrent et qui s’y combattirent. Elle prouva qu’en politique le talent est imparfait s’il ne va pas au-devant de l'expérience, et funeste s’il la dédaigne,
L'assemblée constituante était fatiguée de la révolution. La sagesse lui était arrivée, comme elle arrive aux vieillards au moment où l'énergie leur manque. Elle eut une idée tardive, mais qui pouvait encore être salutaire ; c'était celle de réviser la constitution. Il fallait braver les opinions populaires, modifier l'excès de ses principes; elle trembla à l’aspect des idoles créées par ses mains. Elle en fit assez pour allumer une opposition violente, et trop peu pour la dompter. Le parti qu’on nommait alors aristocratique avait poussé, avec toute l’imprévoyance qui le caractérisait, à la dissolution de l’assemblée, à la non réélection de ses membres. Opprimé et vindicatif, ce
| parti se réjouissait du prochain abaissement de ceux qu’il regardait comme les uniques auteurs de ses maux. D'ailleurs, il envisageait un accroissement d’anarchie comme un appui nécessaire à ses espérances. Ceux qui songeaient à attaquer la France au dehors, voulaient qu’elle fût troublée au dedans, pour diviser ses forces, et pour rallier de nouveaux mécontens à ceux qui, chaque jour, venaient se joindre à eux.
Les orateurs de l’assemblée constituante s’alarmaient presque tous d’un depart si précipité. Ils essayèrent plus d’une fois de la faire revenir sur une résolution dont ils calculaient les suites funestes. Ils étaient repoussés avec animosité. La ligue de la médiocrité envieuse s'était formée contre eux. On ne parlait plus que du désir de revoir ses foyers ; on ne songeait plus à en assurer la paix. Vous eussiez dit une armée révoltée conire ses chef, au sein même de la victoire, et préférant un retour honteux et plein de dangers, à une poursuite glorieuse et désormais facile. Un homme, toujours méprisé de lassemblée constituante; eut de l'influence sur cette fatale résolution;
”