Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3, page 235

sembla tous les vices, sans savoir seulement s'élever jusqu’à l'ambition. Après le 6 octobre, quelques menaces sufürent pour qu’il s’imposât un exil honteux. À son retour, une nouvelle flétrissure l’attendait. Il songeait maintenant plutôt à se venger qu’à se relever de son humiliation. Il se joignit donc aux révolutionnaires. Ses manœuvres furent obscures. On ne sait pas si ses libéralités furent considérables. Il servit, et il fut traité comme un soldat vulgaire, On peut juger par les hommes que je viens de nommer. quel esprit régnait aux jacobins. Le parti de la Gironde qui venait de rendre la vie à cette société, n’y trouva d’abord qu'une faveur douteuse; ils’en éloigna , ou en fut expulsé; les servitsans le vouloir , et eut le tort de ne pas les craindre assez. Les jacobins avaient à Paris une armée toujours en mouvement, com posée de fripons audacieux, et d’imbécilles fanatiques. Ces légions mobiles d'hommes et de femmes révolutionnaires, comosaient d’autres petites sociétés, qui recevaient d’eux leur impulsion. Elles peuplaient leurs tribunes, celles de l’assemblée législative, et servaient encore à former une multitude de groupes, qui donnaient à tous les lieux publics, un aspect sombre et hideux. Ils avaient, dans les faubourgs, des instigateurs connus, qui savaient l’art d'émouvoir et d’entraîner le peuple. Is avaient à leurs ordres des journaux, des pamphlets , des placards, qui produisaient sur la plèbe agitée, le même effet que les liqueurs fortes sur les sauvages. Nulle loi, nulle action de police ne limitait ce droit affreux de corrompre la morale d'un peuple, et de l’exciter toujours au pillage, au soulèvement. L'art des émeutes populaires était déjà réduit aux principes les plus simples et les plus économiques. E’autorité des jacobins, par leur système d’afliliation et de correspondance, était à peu-près aussi absolue, et aussi destructive dans toutes les parties de la Fränce. Les magistrats étaient, ou leurs serviles créatures , ou leurs victimes dévouées. c Après avoir montré les élémens des factions dont j'ai à décrire les combats, il convient de jeter un coup-d’œil sur la situation où se trouvaient plusieurs départemens et plusieurs villes importantes. Voyons d’abord ce qui dirigeait , et ce qui composait la force publique de Paris. ; : Deux grands emplois étaient connus dans la capitale, depuis le 14 juillet. L’un était celui de maire de Paris, l’autre celui de commandant de la garde nationale. Bailly avait orné la première de ces magistratures , de toute la considération attachée à son nom et à ses vertus. Cependant ce philosophe bienveillant et modeste , eût peut-être paru un magistrat faible ou peu habile, s'il n’avait eu pour le seconder Lafayette. Ce dernier était parvenu à régulariser la masse incommode et dangereuse