Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3, page 236

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de la garde nationale; ou, pour mieux dire, il avait substitué à son action , celle de quelques compagnies d'élite, intéressées à la liberté, par les passions naturelles de leur âge, intéressées à l’ordre, par leur naissance ou leur fortune. Avec leur secours il avait assoupi, plutôt que calmé le feu revolutionmaire. Il avait souvent contenu , repoussé même, les fureurs du peuple, sans perdre tout-à-fait sa faveur. Lafayette et Bailly sortaient de leurs fonctions; et ce qu’il y avait de non moins funeste, la place de commandant de la garde nationale était divisée entre six chefs de bataillon, qui devaient l’exercer tour-à-tour. Lafayette avait provoqué cette imprudente décision , tant il y avait alors de penchant à s’alarmer pour la liberté publique, tant était aveugle cet esprit de désintéressement patriotique , dont le vertige régnait aux derniers jours de l'assemblée constituante. En perdant son chef, la garde nationale , ou plutôt les compagnies qui la représentaient, perdirent leur force et leur zèle. On ne les vit plus se dévouer à des soins pénibles et journaliers. Dans les momens de crise, elles accouraient encore quelquefois, mais l’ennui et le dégoût les avaient dispersées , avant que les différentes autorités eussent décidé entre elles, à qui leur donnerait des ordres.

. L'élection du nouveau maire de Paris, offrait aux hommes de paix un moyen de confier encore la sûreté de cette capitale aux soins de Lafayette. Ceux qui désiraientune révolution nouvelle, proposèrent Pétion ; il fut préféré (a), et le lendemain on entendit éclater en regrets la foule de ceux qui avaient dédaigné , ou qui avaient craint d’aller donner leurs suffrages. Quels efforts pouvait- on attendre désormais pour la conservation du trône , d'hommes qui s’étaient refusés à la démarche la plus simple, pour la conservation de leurs foyers? Pétion était regardé par les deux partis comme un honnête homme. Il s'était déclaré à l’assemblée constituante l’adversaire du trône. Il avait de la sympathie, par le caractère, et par les principes , avec le parti de la Gironde. Il se conduisit comme un faible conspirateur , et comme un mauvais magistrat.

Par une contradiction digne de ce temps, la commune de Paris, qu'il devait présider, fut composée d'hommes plus attachés que lui à la constitution. Le département avait à sa tête, plusieurs hommes recommandables. Les limites de ces autorités étaient mal tracées, l’action de la police restait suspendue entre elles.

En parcourant la France, on ne trouvait rien qui ne détruisît les espérances de paix. Les haînes allumées par la révolution , avaient pris , dans le Midi, un caractère sombre et implacable. Des intrigues opiniâtres , et quelquefois même d’audacieuses provocations de la part des contre-révolutionnaires,