Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3, page 250

LEGISLATIVE. 218

dée à chaque citoyen, d’être libre dans son culte. Ilétait pressé par le remords d’avoir trop peu défendu la religion et l’église, des atteintes que leur porta l'assemblée constituante.

Il commenca par apposer son veto sur le décret relatif aux émigrés, il sanctionna celui qui prescrivait à son frère derentrer en France. Le refus du premier de ces décrets, annonçait que le roi voulait user de son pouvoir , même dans son exercice le plus périlleux; l'acceptation du second, annonçait à ceux qui connaissaient son cœur, qu’il se regardait encore comme dans une situation passive et contrainte. Lorsque le ministre Duport-Dutertre vint dans l'assemblée, prononcer, au nom du roi, le premier veto, suivant cette formule constitutionnelle, Le roi examinera, il se fit un silence lugubre et menaçant. Les républicains triomphèrent de voir que Louis , en acceptant le combat, fournissait un prétexte et des moyens pour l’attaquer avec plus de fureur. Ils dissimulèrent , ils retinrent ceux qui, moins habiles, voulaient laisser éclater teur colère. Ils félicitèrent ironiquement le roi, sur la prenve qu'il donnait à l’Europe, de la liberté dont il jouissait au sein de la pation. Le ministre voulait exposer, et les motifs de refus de la sanction, et les mesures exécutives par lesquelles le roi devait suppléer au décret. À peine avait-il prononcé quelques paroles, que des murmures l’interrompirent. Le président, c'était Vergniaud, lui imposa silence, en lui disant d’un ton sévère, que la constitution accordait bien au roi le veto, mais non la faculté d’en développer tes motifs.

Le lendemain, parut une proclamation, dans laquelle le roi parlait avec sévérité aux émigrés, et cherchait, en même temps, à les convaincre de la criminelle imprudence de leurs entreprises. La cour avait cru par-là calmer les murmures des républicains; mais ils furent atteints d’un nouveau scrupule constitutionnel. Le roi pouvait-il faire une proclamation de ce genre ? C'était un acte législatif, c'était une usurpation. D’ailleurs, dans cette proclamation , que de faiblesses , que de réticences! La sévérité même y avait encore l'accent paternel ; voilà ce qui frappait Brissot, voilà ce qu’il dénonça à l’assemblée. Pour cette fois, cependant, il parut um ennemi trop injuste , trop implacable ; sa dénonciation fut sans suite.

Un tel essai encourageait peu un seeond veto. L'opinion publique vint aider le monarque dans une résolution , déjà prise au fond de son cœur. Le département de Paris, qui était alors composé d'hommes recommandables , par leur patriotisme et leuys lumières, tels que la Rochefoucault, Beaumetz, Desmeuniers, Talleyrand, Anson, Brousse, Garnier, adressa au roi une pétition, pour l’engager à apposer son veto. On cite encore aujourd’hui cette pétition, comme un modèle de dis-