Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3, page 251
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cussion lumineuse sur la tolérance. L’orgueil de l'assemblée nationale se révolta contre cette entreprise hardie, d’uneautorité subordonnée ; long-temps elle parla , elle s’occupa même de la punir , elle fut cependant retenue parila haute considération qui envirounait les membres du département de Paris.
Un second veto fut apposé. L'assemblée goûta le plaisir de Ja vengeance, en écoutant et ses orateurs, et ses nombreux pétitionnaires, et les fribunes elles-mêmes, lancer mille invectives contre la cour et les ministres.
Deux événemens désastreux qu’on apprit à cette époque, vinrent frapper les ames d’un excès d'horreur, dont les désordres révolutionnaires n'avaient pu même fournir l’idée. Ces deux épouvantables nouvelles, étaient le massacre commis dans la glacière d'Avignon, et les fureurs des nègres révoltés de l’île Saint-Domingue. On eut alors un affreux parallèle , à faire, de la barbarie des peuples sauvages , et de celle des peuples civilisés, qui ont rompu le frein des mœurs et des lois.
Avignon avait déjà été plusieurs fois le théâtre de scènes sanglantes, et de lâches assassinats, depuis que le vœu deréunion à la France avait été proposé dans cette ville. L’assemblée constituante avait long-tempsrésistéà déclarer cetieréunion; elle la prononca le jour même où le roi venait, dans son sein, accepter la constitution. Ce décret corrompittoutle plaisir qu’il pouvait goûter dans ce moment. Ses principes religieux s’alarmaient d’un envahissement fait sur le pape ; aussi hésita -t-il à donner sa sanction ; elle lui fut arrachée, en quelque sorte, parle ministre de la justice, Duport-Dutertre, qui craignit pour le roi, les suites de cette premièrerésistance,
La réunion ne fut point opérée aussi prom tement qu'il était P P P :
nécessaire, pour enchaîner deux partisfurieux, Le peuple avignonais avait mis à la tête de ses expéditions révolutionnai. res, un être stupide et féroce, nommé Jourdan, qui s'était donné à lui-même l’affreux surnom de coupe-téte. I] était l’instrument des fureurs de quelques hommes qui donnaient, dans le Midi, de continuels exemples de crnautés. Le parti opposé à la réunion, ne gardait Ini-même aucune mesure, etseflattait encore qu’elle pouvait être écartée. Il avait repris quelque domination dans la ville. Un jour, des hommes de ce dernier parti, assaillirent Lécuyer, secrétaire de la municipalité , les Assassins le poursuivirent jusqu’au pied des autels, où il avait cherché un refuge, et lui donnèrent la mort. La vengeance ne fut pas soudaine, mais n’en fut que plus atroce. Le parti, que dans une telle occasion , je rougirais d’appeler le parti patriote , rassembla ses forces en silence , vappela en secret, dans Avignon, ceux qui avaient été contraints de s’en éloigner; et, après s'être assuré de l'impossibilité où étaient ses nom