Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3, page 261
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222 ASSEMBLEE
Vergniaud monta à la tribune, et parut d’abord se com mander l’impartialité d’un juge, mais dès qu’il eut conquis l’attention et la faveur de l’assemblée, il s'abandonna au mouvement le plus violent, et le plus irréfléchi qu'il ait jamais fait éclater. Une accusation qui, dirigée par le prêtre Fauchet, n'avait excité que de l'indignation, devint entre les mains de Vergniaud, une arme victorieuse pour perdre Delessart. « Ce n’est plus ma voix, s’écria-t-il, que vous allez entendre, c’est une voix plaintive qui sort de l’épouvantable glacière d’Avignon; elle vous crie : le décret de réunion du comtat à la France avait été rendu au mois de septembre dernier; s’il nous eût été envoyé sur-le-champ , peut-être qu’il nous eût apporté la paix, et éteint nos funestes divisions; peut-être qu’en devenant Français, nous eussions abjuré l'esprit de haîne. Nous n’eussions point été victimes d’un massacre abominable, notre sol n’eût point été souillé par le plus atroce des forfaits; mais M. Delessart, alors ministre de l’intérieur, a gardé ce décret pendant deux mois dans son porte-feuille, et, dans cet intervalle, nos dissentions ont continué ; dans cet intervalle de nouveaux crimes ont souillé notre déplorable patrie. C’est notre sang, ce sont nos cadavres mutilés qui demandent vengeance contre ce ministre. » Bientôt plus terrible encore dans ses imprécations et dans
ses menaces, Vergniaud fit entendre ces mots, qui renferment tous les présages de la révolution nouvelle. « De cette tribune
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où je vous parle, on apercçoïit le palais où des conseillers pervers égarent et trompent le roi que la constitution nous a donné, forgent les fers dont ils veulent nous enchaîner, et préparent les manœuvres qui doivent nous livrer à la maison d'Autriche. Je vois les fenêtres du palais où l’on trame la contre-révolution, où l’on combine les moyens de nous replonger dans l'esclavage, après nous avoir fait passer par toutes les horreurs de l'anarchie, et par toutes les fureurs de la guerre civile.
» Le jour est arrivé où vous pouvez mettre un terme à tant d’audace, à tant d’insolence, et confondre enfin tous les conspirateurs. L’épouvante et la terreur sont souvent sorties, dans des temps antiques, et au nom du despotisme, de ce palais fameux. Qu’elles y rentrent aujourd’hui aû nom de la loi; qu’elles y pénètrent tous les cœurs; que tous ceux qui l’habitent sachent que notre constitution n’accorde l’inviolabilité qu’au roi; qu’ils sachent que la loi y atteindra, sans distinction, tous les coupables, et qu’il n’y sera pas uneseuletête convaincue d’être criminelle, qui puisse échapper à son glaive! » ;
Vergniaud venait à peine de parler, le décret d'accusation