Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3, page 262

LEGISLATIVE, nes

est rendu à une grande majorité, au milieu des applaudissemens, et des transports de joie des tribunes.

Ce n’étaitpasla première fois que lassembléelégislative ren dait avec cette promptitude, et cette fureur des décrets d’accusation; elle avait, dans son sein, un comité de surveillance, qui remplaait le fameux comité des recherches de l'assemblée constituante. Quelques fragmens de lettres interceptées, lues à l'assemblée, quelques vagues dépositions suffisaient pour la déterminer à ces actes de rigueur. Il ne s'agissait, disait-on, que de mettre en jugement; le prévenu pourrait se justifier. Les républicains regardèrentl’accusation de Delessart, comme un triomphe si complet, que Brissot prit avec orgueil un titre que ses ennemis lui conservèrent avec soin, celui de l'homme du 10 mars.

Les amis de Delessart vinrent le conjurer de se soustraire par la fuite au décret d’accusation. 11 craignit d’exposer le roi à de nouveaux soupcons,; il espéra que la fureur de ses ennemis serait satisfaite de l’épouvante qu'ils avaient répandue, on que lui seul au moins en serait la victime : il se rendit à Orléans, où siégeait la haute-cour nationale. Le roi le vit partir avec douleur, et comme il avait l'imagination frappée de la ressemblance de sa destinée, avec celle de Charles fer ,ilcrut voir en M. Delessart un autre Strafford. On lui conseilla de ne nommer que par interim au département des aflaires étrangères, Louis ne sut point montrer cette honorable constance.

Fr