Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3, page 265
256 ASSEMBLEE
Léopold venait de mourir. L'idée qu’on s'était généralement formée de son caractère pacifique, avait long-temps entretenu une sorte de calme dans les esprits. Les partisans de la guerre n'avaient su comment s’y prendre, pour l’irriter suffisamment. Son successeur était jeune: tout donnait à croire qu'il serait plus sensible aux provocations qu’on allait redoubler. Dumouriez flattait les républicains, en leur promettant la conquête facile et soudaine des Pays-Bas autrichiens. La révolution théocratique qui avait éclaté dans ce pays, et qui, par une bizarrerie de la destinée, avait été presque simultanée avec la révolution philosophique de France, offrait à Dumouriez une circonstance favorable à ses plans. Il est vrai que Léopold avait étouffé l’insurrection par le moyen d’une faible armée, Mais les provinces belgiques qui déjà avaient imploré le secours de la France, semblaient disposées à tendre les bras au premier libérateur qui se présenterait. Elles n’offraient plus, d’ailleurs, aucune de ces forteresses qui avaient long-temps arrêté les armes triomphantes de Louis XIV et de Louis XV; Joseph II les avait fait démolir. L'armée autrichienne qui couvrait les Pays-Bas était aguerrie, mais peu nombreuse. Déjà les Français avaient rassemblé des forces considérables. Une déclaration de guerre, faite avant que l’em pereur eût rassemblé des moyens suflisans de défense, garantissait, aux yeux de Dumouriez, cette conquête dont il voulait faire le début éclatant de son ministère.
Ce n’était pas seulement l'espoir de ces triomphes qui passionnaitles députés de la Gironde pour la guerre ; ils espéraient faire une heureuse révolution dans les mœurs, par le moyen de l'enthousiasme militaire. Cette préparation leur semblait nécessaire pour disposer les Francais à l’ordre , à l’austérité des institutions républicaines. Brissot n’avait cessé de répéter aux jacobins, que les victoires ou les défaites devaient également tourner au profit de la liberté; les victoires épouvanteraient tous les rois de l’Europe, les défaites abattraient le trône du roi de France. Il fallait bien , disait-il , serésoudre à tenter l'épreuve et les chances de la fortune et les trahisons des hommes. Manquerait-on et d'indignation et de bras pour punir les traîtres? Manquerait-on de chefs habiles pour lesremplacer? I citait, avec complaisance, l'exemple des Américains, qui avaient triomphé de leurs oppresseurs, avec des armées ignorantes, indisciplinées, privées de tout, hormis de ces vertus qui sont compagnes de la liberté, di $
Que pouvait opposer Louis aux vœux empressés d’un parti qui avait proscrit l’un de ses ministres, et qui l’asservissait maintenant à toutes ses volontés? Ni lui ; ni la reine ne laissèrent point pénétrer leurs pensées au sujet de la guerre. On