Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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Dans de telles circonstances, on espéra pouvoir ranimer l'enthousiasme des Français par une nouvelle fédération , elle eût lieu à l'anniversaire du 14 juillet. H semblait qu'elle dût présenter des lésions de nouveaux défenseurs prêts à voler à

a frontière, et sur-tout cet ordre, cette discipline, dont des revers honteux avaient fait sentir le besoin. Loin de répondre à une telle attente, la nouvelle fédération ne fut marquée que

ar les fantaisies grotesques du délire populaire. L'assemblée alé avait, la veille, cassé l'arrêté du département de Paris, par lequel Pétion était suspendu de ses fonctions. Une foule immense avait, par ses clameurs et ses menaces, sollicité cette décision, qui était devenue un triomphe de parti. Pétion parut à la fête, qui bientôt n’eut plus d'autre objet que lui-même. Son nom était écrit sur mille bannières, à la suite desquelles marchaient différens groupes qui se confondaient entre eux ; son nom était encore écrit sur tous les chapeaux avec de la craie. On était excédé du concert uniforme etextravagant de ces cris mille fois répétés : vive Pétion ! Péion ou la mort ! Le danger proclamé de la patrie était oublié, tout s’énivrait du bonheur de revoir Pétion. Il ajoutait au ridicule de cette scène, par le naïf orgueil avec lequel il paraissait jouir de ces acclamations. Cet enthousiasme était toutefois peu sincère chez les jacobins, qui le savaient attaché au parti de la Gironde; maisils se plaisaient à l’accabler et à préparer sa chute par cet excès d’idolâtrie. Louis ne parut au champ de la fédération, que comme un roi vaincu à la suite d’un triomphateur. Au moment où il se présenta à l'autel de la patrie pour renouveler son serment, mille voix dénoncèrent en lui un parjure. Il ÿ eut même un moment où la foule pressa son cortége de manière à faire craindre pour ses jours. Les gardes-suisses et quelques compagnies de grenadiers de la garde nationale, avaient été disposés pour veiller à sa sûreté. Leur contenance fière écartale danger, mais non les outrages. Combien cette fédération était différente de celle de 1790, signalée par une gaîté civique, par une confiance si entière, et par un amour dela liberté qui s’embellissait des affections douces et sociales!

Au milieu de cette agitation qu’ils avaient fait naître, les girondins étaient plus que jamais indécis sur la marche qu’ils avaient àsuivre. Quelquefoisils faisaient dire à la cour, pardes agens obscurs, que le roi pouvait encore les calmer en rappelant les trois ministres de leur choix, en se résignant à tenir sous eux une conduite subordonnée et passive. Ils ne se lassaient point de répéter les menaces; ils disaient, et le fait était vrai, qu’eux seuls retenaient encore l'insurrection prête à éclater, mais ils n’en conservèrent pas long-temps le pouvoir. On ne peutrienaflirmer sur les negociations qu'on prétend qu'ils ou-