Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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leur résister, et dispersaient , par des voies de fait, les constitutionnels que fatiguait ce genre de combat. Paris prit chaque jour un aspect plus menaçant et plus tumultueux; les fédérés arrivaient de toutes parts , ils se regardaient comme les représentans armés de la nation, et annoncaient que leur mission était de renverser le trône. Les ministres s’efforçaient en vain de les renvoyer à Soissons, qui avait été choisi pour Je lieu de leur rassemblement; la terreur qu'ils inspiraient fut beaucoupaccrue par l’arrivée dela légion marseillaise. La cour était dans un tel état de stu peur et d’épouvante, qu’elle n'avait osé arrêter la marche de cette troupe choisie pour être à la tête de l'insurrection projetée. Elle n’était composée que de cinq cents hommes, mais qui depuis long-temps faisaient trembler le midi de la France. La crainte avait pris plaisir à leur former une renommée épouvyantable. Parmi leurs chefs était un jeune homme audacieux et bouillant, nommé Barbaroux; il se lia dépnis avec le parti des girondins, mais.alors il se concertait particulièrement avec Robespierre et Danton. Les grenadiers dé la garde nationale parisienne ne voulurent point paraître intimidés à l'aspect de ces adversaires. Plusieurs d’enire eux s'étaient réunis dans un repas aux Champs-Elisées, ils. faisaient entendre les cris accoutumés du parti constitution nel, vive la nation et le roi! Les. marseillais. arrivèrent bientôt et s’établirent dans un lieu voisin ; Santerre et quelques autres chefs des jacobins étaient mêlés parmi eux. Ils frémirent en entendant dés acclamations qu’ils regardaient comme conire-révolutionnaires; le nom de Lafayette, répété plusieurs fois, mit le comble à leur rage, et surle-champ ils s’élancent, le sabre à la main; les convives ont peine à se réunir. Ceux-ci essayent en vain de résister, le nombre les accable; la multi tude s’était jointe aux marseillais , on les poursuit long-temps avec fureur, ils ne trouvent, au milieu de la promenade publique la plus fréquentée, pas un parent, pas un ami qui vienne prendre part à leurs dangers. Un d’entre eux, nommé Duhamel , lieutenant de la section des filles Saint-Thomas, s'était long-temps défendu avec courage, et avaitrecu plusieurs blessures. Il cherchait à se réfu, lans une maison particulière; les marseillais l'y atteignent et le tuent. Ses compagnons, dispersés de tous côtés, ne se croyent pas assez forts pour le. venger. Cependant l’alarme s'était répandue dans Paris. Plusieurs bataillons se tenaient rassemblés ; des militaires distingués et zélés constitutionnels vinrent à eux, etles pressèrent de venger la mort de leur malheureux compagnon. Leurs efforts furent impuissans; on se tint sur la défensive. Les marseillais xentrèrent dans leurs casernes, en répétant des chants de victoire ; et çe premier essai leur dévoila quelle pusillanimité