Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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gers des forces dont l’infériorité ne laissait pas même d’in= certitude sur leundéfaite? Etait-ce nous défendre, que d’écarter les projets tendans à fortifier l’intérieur du royaume ; ou defaire des préparatifs de résistance, pour l’époque où nous serions déjà devenus la proie des tyrans ? Etait-cenous défendre, que de choisir des généraux qui attaquaient eux-mêmes Ja constitution , ou d’enchaîner le courage de ceux qui la ser vaient? Etait-ce nous défendre, que de paralyser sans cessé le gouvernement par la désorganisation continuelle du ministère ? La constitution vous laissait-elle le choix des ministres pour notre bonheur ou notre ruine ? Vous fit-elle chef de l’armée pour notre gloire ou notre honte? Vous donna-t-elle enfin le droit desanction , une liste civile et tant de grandes prérogatives, pour perdre constitutionnellement la constitution et l'empire. Non, non, homme que la générosité des Français n’a pu émouvoir, homme que le seul amour du despotisme a pu rendre sensible, vous n’avez pas remplile vœu de la constitution : elle peut être renversée; mais vous ne recueillerez point le fruit de votre parjure! Vousne vous êtes point opposé, par un acte formel, aux victoires qui se remportaient en votre nom, sur la liberté ; mais vous ne recueillerez point le fruit de ces indignes triomphes. Vous n’êtes plus rien pour cette constitution que vous avez si indignement violée, pour ce peuple que vousavez si lâchement trahi »

Dumas avait répondu avec beaucoup de talent et de véhémence à ce discours de Vergniaud; mais il n’avait pu empêécher que la déchéance duroine fûütsur-le-champ mise en question. L'assemblée paraïssait suffisamment entraînée pour prendre sur elle cette mesure décisive, lorsque les girondins, par les raisons que j'ai énoncées plus haut, laissèrent languir cette attaque. Ils la reprirent avec vigueur, lorsqu'ils s’apercurent que les jacobins allaient porter le coup fatal; peut-être voulaient-ils leur enlever un prétexte pour l'agression, peut-être pe songaient-ils qu’à se mettre à l'abri de leurs fureurs, en si-

nalant de nouveau leur haîne contre la cour.

Pétion fitdéclarertoutes les sections de Parisen permanence; il les fit délibérer sur les dangers de la patrie, et se servit de tous les moyens révolutionnaires pour déconcerter les timides défenseurs de la constitution et du roi. Il vint ensuite présenter à l'assemblée législative une pétition impérieuse ; dans laquelle les sections de Paris déclaraient que Louis avait perdu la confiance dela nation. Le lendemain, plusieurs d’entreelles se convoquèrent, et protestèrent contre le vœu qui leur avait été attribué. Cette lutte se passa en invectives amères, en violences continuelles. Les jacobins, vainqueurs dansune section, se rendaient bientôt dans une autre, où l’on entreprenait de