Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

264 ASSEMBLEE

lèvent avec indignation. Ah ! qu'il eût mieux valu pour nous, s’écrient-ils , périr hier sous les coups des assasins qui nous environnaient, que d’être en butte aujourd’hui aux calomnies et aux fureurs homicides de quelques-uns de nos collégues. C’estlamojorité de l'assemblée qui a'absous Lafayette, c’est elle qui est traitée de faction par une minorité conspiratrice. Nous oublions dans ce moment le soin de notre vengeance qui est celle de la représentation nationale ; il n’est plus question de nos périls d'hier : songeons à ceux qui, dans ce moment même, environnent le roi, l'assemblée et la constitution. On vous demande des mesures , on vous en propose, que tardez-vous À L’horrible signal va se faire entendre. l

Bientôt la fureur est telle entre les deux partis, que chaque instant fait craindre que le sang ne coule au milieu de l'assemblée. La plupart des députés sont armés, les fédérés qui occupent les tribunesle sont aussi. Aucun décret ne se rend, aucune mesure nese prépare; celle proposée par Vaublancest écartée, l'assemblée se sépare à sept heures dusoir, etse convoque pour la nuit même.

L'insurrection avait trois centres principaux; le club des jacobins, le club des cordeliers et la section des Quinze-Vingts du faubourg Saint-Antoine. Mais c'est aux cordeliers que sont rassemblés les hommes les plus redoutables; les marseillais y sont, ils demandentimpatiemment le signal. Danton d’une voix tonnante et furieuse, retrace les crimes de la cour. Cessons, s'écrie-t-il , d’en appeler aux lois et aux législateurs ; les lois, elles n’ont pas prévu tant de forfaits ; les législateurs, ils en sont pour la plupart les complices, ils ont absous Lafayette. Absoudre le traître, c’est nous livrer à lui, aux ennemis de la France, aux vengeances sanguinaires des rois. Que dis-je, c’est cette nuit même que le perfide Louis a choisi pour livrer au carnage , à l'incendie , cette capitale qu'il veut quitter encore une fois. Aux armes ! aux armes ! Ce cri est répété mille fois , et se propage dans tous les environs. À onze heures, cette assemblée se déclare en iusurrection, et sur-le-champ un coup de fusil part. La fureur augmente , on fait sortir les pièces de canon ; Chabot, Camille-Desmoulins, plusieurs autres sortent pour aller faire sonner le tocsin. Ils trouvent sur leur passage lepeuple épouvanté et encore indécis. Dans plusieurs sections, on veut leur résister ; ils livrent, en quelque sorte, des combats pour s'emparer dutocsin. Ce terrible son se fait entendre , et va porter l’effroi au château des Tuileries : voyons ce qui s’y passe. À

Le dangerétait prévu depuis si long-temps, que la cour avait pu prendre tous les moyens de défense qui étaient encore àsa disposition. Tout son espoir ‘était’ dans les gardes-suisses ; on